Ça veut dire quoi OuBaPo?
En 1960 par l'écrivain et poète Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais, créent le SLE (Sélitex : séminaire de littérature expérimentale). Sur proposition d'Albert-Marie Schmidt, le SLE est renommé, dès sa deuxième réunion, Oulipo pour ouvroir de littérature potentielle. Le terme « ouvroir », recouvrant anciennement des œuvres de charité, a été réutilisé pour le rapprochement entre « ouvroir » et « œuvre ». Le terme « potentiel » est utilisé dans le sens de ce qui est possible, réalisable si l'on suit certaines règles.
L'Oulipo est créé dans un but d'investigation, pour explorer le travail sous contrainte. Il réunit, dans ce but, un groupe de mordus de la littérature. Cette association comprend donc des écrivains, comme Italo Calvino ou Georges Perec, mais aussi des personnalités ayant une double compétence comme le compositeur de mathématique et de poésie Jacques Roubaud ou des mathématiciens comme Claude Berge (développeur de la Théorie des graphes). Considérant que les contraintes formelles sont un puissant stimulant pour l'imagination, l'Oulipo s'est fixé plusieurs objectifs regroupés en deux courants :
un courant synthétique, chargé d'inventer et d'expérimenter des contraintes littéraires nouvelles, comme le résume une de leurs propres définitions : « Oulipiens : rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se proposent de sortir. »
un courant analytique, chargé de rechercher les « plagiaires par anticipation ». Plus clairement, le but est d'étudier les œuvres du passé qui s'inscrivaient dans une démarche d'expérimentation similaire.
Le courant synthétique est le plus actif et surtout le plus spectaculaire. On lui doit notamment l'invention de la méthode S plus n (à partir de la « méthode S + 7 » mise au point par Jean Lescure dès 1961), la littérature combinatoire, qui permit à Raymond Queneau d'écrire Cent Mille Milliards de Poèmes mais aussi de poèmes booléens basés sur la théorie des ensembles ou des « poèmes à métamorphoses pour rubans de Möbius »
Le courant analytique a produit des œuvres historiques comme une histoire du lipogramme par Georges Perec mais aussi une analyse formelle de la relation « X prend Y pour Z » et son application à différents styles littéraires parmi d'autres études.
Ce mouvement a des ancêtres dans l'aventure littéraire européenne, en particulier les Grands rhétoriqueurs du début de la Renaissance (fin du XVIe siècle). Ils ont en effet expérimenté beaucoup des possibilités de la langue : jeux de mots, techniques lettristes et contraintes oulipiennes avant la lettre, par exemple des poèmes mots-croisés pouvant se lire dans tous les sens... ces pré-oulipiens ont pour l'Oulipo le titre de « plagiaires par anticipation ».
Les premiers travaux de littérature potentielle ont été publiés par le Collège de ’Pataphysique, science à laquelle Alfred Jarry a voué son existence.
L'Oulipo devait être le premier d'une longue série d'ouvroirs rassemblés sous le terme Ouxpo, à prononcer « Ou-X-Po », le X se devant de représenter une syllabe articulable.
Ouxpo est donc l'acronyme d'Ouvroir d'X Potentielle. C'est un regroupement de groupes de recherche sur les créations possibles basées sur la contrainte volontaire.
L'Ouxpo regroupe l'Oulipo, l'Oubapo, l'Outrapo, etc.
L'OuBaPo, acronyme d'Ouvroir de Bande-dessinée Potentielle, a été fondé en novembre 1992 au sein de l'Ou-X-Po et à travers la maison d'édition L'Association créée par Jean-Christophe Menu, Lewis Trondheim, David B., Mattt Konture, Patrice Killoffer, Stanislas et Mokeït. Ce comité crée des bandes dessinées sous contrainte artistique volontaire à la manière de l'Oulipo. Quatre oupus ont été publiés parcourant les diverses recherches, auxquels s'ajoutent les œuvres individuelles de ses membres et sympathisants.
L'OuBaPo a tenu sa première séance de travail dans les locaux de l'atelier Nawak, début 1993.
On été créées, dans ce cadre, des bandes dessinées basées sur une seule case, d'autres pouvant se lire dans les deux sens, des bandes dessinées générées aléatoirement... et bien d'autres que je ne peux que vous conseiller d'aller découvrir.
On peut noter que des bandes dessinées à contraintes existaient déjà avant la création de l'OuBapo. Par Exemple NogegoN de Schuiten et Peeters, paru en 1990 qui est, comme son titre, une bande dessinée palindrome. Ou bien aussi les aventures de Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves par Marc-Antoine Mathieu, 5 tomes sortis respectivement en 1991, 1992, 1993, 1995 et 2004. Dès les années 40, Will Eisner testait tout un tas de contraintes dans les pages hebdomadaires de son Spirit. Ainsi l'un des premiers épisodes, intitulé M-U-R-D-E-R, paru le 19 juillet 1942, est composé de 7 pages. Les textes des bulles de la première page sont constitués exclusivement de mots commençant par un M (à l'exception de mots de liaisons et des noms des personnages principaux), les textes de la secondes, sont, sur le même model, dédiés à la lettre U, la troisième au R, la quatrième au D, la cinquième au E, la sixième au R de nouveau et la septième et dernière conclu en n'utilisant que des mots commençant par M, U, R, D, E ou R (le tout, en racontant une histoire parfaitement cohérente et intéressante, sinon, cela aurait un intéret limité). Encore avant cela, au tout début du XXème siècle, Winsor McKay créait de merveilleux strips dont la chute était à chaques fois identique: Le réveil en sursaut de Little Nemo, pour la série Little Nemo, où l'éternuement brutal de Little Sammy dans la série Little Sammy Sneeze (le petit Sammy éternue).
Toi aussi raconte les aventures de Monsieur Arobase...
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