Pourquoi c’est tout le temps le même dessin ?

La raison principale est le manque de temps. Je n’ai pas le temps de dessiner un strip par semaine de manière satisfaisante d’où cet honteux stratagème que je me permets de transgresser parfois.
Au-delà de cet aspect purement pratique le concept d’histoire à base de cases photocopiées me fascine. Il a été exploité bien avant moi. Lewis Trondheim a pondu deux fabuleux albums entiers sur le modèle : Le Dormeur et Moins d'un quart de seconde pour vivre (dessiné par Jean-Claude Menu). Ce que je trouve d’absolument magique dans le concept, c’est qu’il permet d’observer un concept que Will Eisner décrit dans son bouquin : L’art séquentiel, le fait qu’une image va être perçue différemment lorsqu’elle est associée à un texte ou un autre. Ce phénomène, cette interaction entre le texte et le dessin est une des bases de ce qui fait la magie de la bd. Ici, le même sourire figé de Monsieur Arobase aura tantôt l’air d’un sourire hautain, d’un sourire gêné, d’un sourire moqueur, d’un sourire d’autosatisfaction… Ceci ne veut pas dire qu’il est inutile de se casser le cul à dessiner des expressions faciales complexes. C’est souvent mieux lorsque le dessin vient appuyer, aider, nuancer le texte. L’interaction texte dessin fonctionne avec bonheur dans les deux sens et il serait idiot de s’en priver. N’empêche, j’aime la façon dont Monsieur Arobase fonctionne.
Dans les discussions sur l'utilisation des copié/collé en BD, j'aime toujours caser cet excellent strip de Bill Waterson :

(si vous observez attentivement, vous verrez que ce n'est pas un copié/collé mais qu'il a redessiné, à chaque fois la case à l'identique.)

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